SATINE & EITHER BUNNY
Callie & Indie

Fin de la journée d’école, les bambins rentraient chez eux en tenant la main de leur maman, chacun à leur tour, ils venaient, comme chaque jour, me dire au revoir en me faisant un bisou bien baveux. J’attendis que toute ma classe ait quitté les lieux pour m’essuyer la joue. C’est mignon, mais plaquant, les enfants. Je m’étirai un peu en pensant déjà au programme du lendemain. Peinture à doigts ou picotage ? Il faudrait que je leur apprenne à compter jusqu’à dix aussi. Je saluai mes collègues et mon épineuse directrice qui me soupçonnait d’avoir des aventures avec les jeunes mères qui me confiaient leur progéniture. Que du délire. Autant dire que mes rapports avec ma patronne n’étaient pas au beau fixe. En même temps, je ne me voyais pas aller lui raconter que j’aimais un homme et que je vivais avec lui sans que nous soyons mariés. Elle serait capable de me virer rien que pour ça. Récupérant ma veste et mon sac dans ma classe vide des rires des petits choux, je marchai calmement jusqu’à ma rue. Arrivant presque à l’appartement que je partageais avec Colin, je m’arrêtai net en me rappelant qu’il ne rentrait pas avant dix-neuf heures. Sur le coup, cela me déprima énormément, car je détestais être seul à la maison. C’était fou, j’étais tellement obnubilé par lui que ça me filait le blues dès qu’il n’y avait personne pour me changer les idées aux alentours. Heureusement, il m’avait expliqué plusieurs fois que ça lui faisait le même effet quand j’étais loin de lui. Enfin, sans doute que c’était juste une manière de me rassurer.

N’ayant plus du tout envie de tourner en rond dans un logis désespérément désert, je réfléchissais à qui pourrait me tenir compagnie en patientant. Je sortis mon téléphone portable de ma poche et regardai tous les contacts que j’avais en mémoire. Je tombais évidemment sur Colin et je me fis violence pour ne pas le harceler de messages. Je remontai un peu et optai pour Callie, ma meilleure amie avec qui je ne passai plus trop de temps ces derniers mois. Ça me fit tout bizarre, parce que je n’avais pas encore réalisé que j’étais continuellement avec Colin et que le reste du monde ne m’importait pas beaucoup comparé à lui. J’envoyai donc un texto à Callie et je reçus la réponse quelques minutes plus tard : on se rejoignait au centre-ville et on verrait ce qu’on ferait une fois là-bas. Probablement les magasins, sinon s’asseoir dans un café pour se gaver de gâteaux et de crème glacée. Nous étions tous deux des pros dans ce domaine.

Je rebroussai donc chemin et me rendis sur la Grand-Place de Blenheim. Ça ne m’avait pris une vingtaine minutes, mais Calypso n’était pas encore là. Je commandai un thé à une terrasse tout en gardant un œil sur les passants, pour que l’on ne se manque pas. Au bout d’un moment, je l’aperçus de l’autre côté de la place et je lui fis de grands signes en souriant.

Faudrait repeindre le plafond d'une autre couleur. C'était ce que j'étais en train de me dire, allongée sur le canapé du salon à contempler le plafond. Je n'aimais pas cette couleur, mais ça je l'avais toujours remarqué depuis les années où je venais fouiner chez les Blackhawk. Combien de fois je m'étais pas fait tapé sur la tête légèrement par le père Blackhawk pour mon franc parler? Plusieurs fois. Cette pensée me fit légèrement sourire. Liam Blackhawk. Je pense qu'au plus profond de lui-même il avait toujours su que son fils et moi on finirait ensemble, ou alors cela l'aurait-il surpris? On arrive jamais à percer ce qu'il pensait. L'idée que je ne le reverrais plus jamais me faisait mal, mais qu'est ce que je pouvais y changer? Je n'avais pas les pouvoirs pour le refaire revenir à la vie en un claquement de doigt. Ce serait tellement bien... mais irréalisable. Dillon était parti à la boutique, et moi je glandais sur le canapé du salon. Je n'avais que ça à faire, vu que la fainéantise m'avait empêché d'aller à la galerie d'art pour la journée. Je continuais à contempler le plafond quand j'entendis mon téléphone portable. SMS. J'avais la flemme de me lever, encore. Pourtant cela pouvait être assez urgent et de ce fait je me relevais doucement avant de voir qu'il était à l'autre bout de la pièce. Et merde. Je traversais la pièce avant de constater que c'était Indie. Tiens j'existais de nouveau? Trop gentil. Il voulait qu'on se voit? Hum, c'était sans doute car il ne savait pas quoi faire de sa paye, à force je le connaissais par cœur. Mais après tout, pourquoi pas? Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu sa bouille. Je lui envoyais une réponse, écrivant que je le rejoindrais dans le quart d'heure qui suit. Je pris ma veste, mon sac ainsi que mes clés avant de claquer la porte de la demeure Blackhawk derrière moi.

Je m'étais rendue dans le centre de Blenheim à pied, une petite marche me ferait le plus grand bien malgré le froid un peu vif. Je le cherchais du regard et je l'aperçu assis à une table d'un café. Il s'embêtait pas lui... Il me fit signe de me rapprocher et je mis que quelques minutes pour le rejoindre de l'autre côté de la rue. Je m'assis à la table devant lui avant de poser mon sac sur celle-ci. Rapidement, je choppa sa tasse de thé avant de boire d'un trait ce qui était dedans et de reposer le récipient, vide, devant mon meilleur ami. « Ça t'apprendra à ne pas m'attendre pour commander. » Je fis un léger sourire avant de faire signe au serveur d'approcher. Il mit longtemps, tant pis. J'en profitais alors pour garder mes yeux rivés sur mon meilleur ami. « J'ai été très étonné que tu te rappelles que j'existais... Je te manquais? »

Callie vint vite me rejoindre à la terrasse et posa son sac à main sur la table. Je le prix directement pour le mettre sur la chaise vide entre elle et moi. Un réflexe d’instituteur : on ne plaçait jamais son sac à dos sur les tables, nan mais. Elle avala mon thé cul sec et je restai perplexe jusqu’à ce qu’elle me dise que j’aurais dû l’attendre pour commander. « J’avais besoin de me réchauffer. Et puis, tu ne devrais pas boire du thé en étant enceinte, c’est extrêmement mauvais. Tes enfants pourraient être anémiques. » Allez savoir comment j’occupais mes fins de soirée. Peut-être à lire des bouquins sur la maternité. Ou bien je m’étais simplement gavé de ces émissions sur la santé en attendant que Colin rentre à la maison. Elle rappela le serveur qui ne semblait pas vouloir nous venir, avant de me demander si elle m’avait manqué. Je savais très bien qu’elle me tenait rigueur de toutes les fois où je l’avais zappée du programme à cause d’un rendez-vous de dernière minute avec mon chéri. A sa place, j’aurais sans doute réagi de la même façon. « Oui, je me suis dit que ça faisait longtemps que nous ne nous étions plus vus… » fis-je, l’air absolument innocent. « Dis, si tes bambini sont aussi agressifs, je ne les veux pas dans ma classe. »

Le garçon se dirigea enfin vers nous et je recommandai un thé pour moi, et un jus d’orange pour elle, ainsi que deux fondants au chocolat. En espérant qu’elle ne vole pas le mien. Le serveur repartit à l’intérieur du café et je ramenai mon attention sur Callie, tout sourire : « Alors, tu as choisi les prénoms ? Je serais parrain ? Baptême ou Bar-mitsvah ? » Ma curiosité avait toujours délicieusement indiscrète. Et pourtant, je n’étais pas du genre à me confier en retour. Ce qui avait toujours été la cause de petits conflits avec mes proches. Je devais tout savoir sur les autres, mais je n’avouais rien sur ma propre vie privée. En plus, j’avais une sérieuse tendance à être exclusif. J’aimais quelqu’un, j’étais tout le temps avec, et j’en oubliais souvent mes amis. Je comprenais bien que Callie m’en veuille et je souhaitais quand même qu’elle me raconte sa vie comme avant. Sur ce, le serveur arriva avec nos consommations et je payai le tout sur-le-champ avant qu’elle n’ose sortir son portefeuilles. Après tout, c’était moi qui l’avais invitée, et en prime, elle était enceinte. Ça ne se fait pas de faire payer une femme enceinte, je vous jure. « Et le mariage, c'est pour bientôt ? Je n’aurais jamais cru que tu finirais mariée avant moi, c’est fou. » Je grimaçai en sucrant abusivement mon thé, comme j’en avais la sale habitude, parce que je n’allais jamais pouvoir me marier comme elle allait le faire. Enfin, peut-être encore quelques années de lutte pour les gays et je pourrais. Dieu que j’étais optimiste.

J'étais une accroc du thé, c'était plus fort que moi. Thé aux agrumes, fruit de la passion, framboise ou encore menthe, je pouvais en boire en grande quantité. J'adorais ça. Je le vis placer mon sac sur une chaise et j'arquais un sourcil. C'était quoi son problème? Je savais qu'il était légèrement maniaque, surtout en ce qui concernait la position de quelqu'un vu qu'il était instituteur, mais moi je n'étais pas une enfant de quatre ans, j'étais une grande personne qui savait ce qu'elle faisait en tant normale. Je reposais sa tasse avant de me pincer les lèvres. « Attends, je rêve ou tu as déplacé mes affaires? Tu sais que ton métier est en train de te ronger? Je n'ai pas quatre ans... Ou alors, si je les ai réellement tu me donneras une sucette si je suis sage comme une image et que je ne fais pas de bêtises? » Fis-je en faisant une légère moue avant de me raviser en me disant que le thé pouvait rendre mes enfants anémiques. D'où est-ce qu'il sortait ça encore? Il fallait qu'il arrête d'étaler sa culture surtout si c'était pour faire peur aux gens autour de lui. « Tu as encore vu ça dans un magazine stupide? Ma gynécologue elle ne m'a strictement rien dit, donc j'en bois. » C'était vrai en plus. J'avais eu la rengaine avec le : pas d'alcool, pas de cigarettes et ne pas manger deux fois plus qu'il ne fallait. Mouais, le dernier je ne le suivais pas spécialement tout simplement car j'avais souvent envie de manger et que c'était plus fort que moi. En effet, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas croisé, je savais grandement pourquoi et ça m'agaçait légèrement. Ce n'était pas parce que l'on était amoureux qu'il fallait négliger ses amis et surtout sa meilleure amie. Oula, à croire que je voulais vraiment qu'il prenne soin de moi. Hard. Je fis un sourire au coin de mes lèvres, prête à rétorquer quelque chose qui allait sans doute le surprendre venant de moi. « Tu étais trop occupé à coucher avec Colin c'est ça? Tu es un véritable accroc... » Je sifflais légèrement avant qu'il me déclare que si mes enfants étaient aussi agressifs il ne les prendrait pas dans sa classe. « On a encore trois années pour ça! Puis je te signale qu'ils ne seront pas agressifs peut-être juste très rusés et très incontrôlables... » Fis-je innocemment.

Fondant au chocolat. Trop bon. Il savait vraiment y faire et commander ça me mit dans un état bizarre... Je voulais de suite en manger et me régaler de cette savoureuse saveur. Pourtant, je revins très vite sur Terre quand il me demanda si j'avais choisir les prénoms, si c'était lui le parrain et si c'était baptême ou Bar-mitsvah. J'arquais un sourcil à sa dernière question. « Pourquoi une Bar-mitsvah? Je te signale que je ne suis pas de sang Juif ni Dillon. » Je roula des yeux avant de le regarder afin de répondre à ses questions précédentes. « Pour notre fils ce sera Liam. Pour notre fille on ne sait pas encore. Et tu sais très bien que tu seras le parrain d'un des deux alors je ne vois même pas pourquoi tu poses encore cette question! Je te considère comme mon petit frère même si tu es plus âgé que moi mais ça... on ne peut pas le constater facilement. » Je fis un léger rictus à ma dernière phrase. C'était vrai qu'entre nous on se demandait souvent qui était le plus âgé et celui qui l'était paraissait avoir quelques années en moins. On nous apportâmes nos consommations et je pris de suite le fondant au chocolat qui s'avérait fameux. Une cuillère en main, je mangea déjà une bouchée alors que je constatais qu'il mit une tonne de sucre dans son thé. Evidemment, je ne pus m'empêcher de faire une remarque sarcastique: « Tu dis que mes enfants pourraient souffrir d'anémie mais toi tu vas avoir un taux de sucre trop élevé dans ton sang si tu continues à mettre une tonne de sucre dans ton thé. » Je bus une gorgée de jus d'orange avant de reposer mon verre sur la table et de répondre à sa question. « Pour l'instant je n'en ai pas trop parler avec Dillon. Son amnésie complique un peu les choses et je n'ai pas envie de tout chambouler. Pourquoi c'est une surprise? Dis encore que je ne suis pas bonne à marier. » Fis-je avec de grands yeux.

Elle me reprocha d’avoir bougé son sac et je fis mine de rien, une auréole serait apparue au-dessus de ma tête et le rendu n’aurait pas été si parfait. Je dus faire la remarque sur le thé et ses méfaits, j’étais incapable de résister à ce style de tentation. Elle me répondit que sa gynécologue ne l’avait pas briefée sur le sujet. Sa gynécologue ? Depuis quand elle s’y connaissait mieux que moi celle-là ? En plus, j’avais repêché l’information dans des émissions très sérieuses, le genre devant lequel on s’endort en moins de deux si on ne s’appelle Indie Skelden, si vous voyez ce que je veux dire. Je lui expliquai que j’avais simplement eu l’envie subite de la voir, et jetai un regard piteux à ma tasse désespérément vide, quand je relevai la tête, me demandant qui était la martienne en face de moi. « C’est quoi ces allusions pas du tout allusives ? Depuis quand tu es devenue aussi crue, toi ? » Un rien me choquait. Bon, oui, je le faisais peut-être légèrement exprès. Mais ça n’empêchait pas que cette manière de dire les choses ne correspondait absolument pas à ma meilleure amie. Sans doute les influences de Dillon, le « futur mari ». Je soupirai de façon peu discrète et refusai d’éduquer ses enfants s’ils étaient aussi agressifs qu’elle. Elle me rétorqua qu’ils ne seraient que rusés et incontrôlables. Ça promettait d’être fun, dans ma classe, dans trois ans. Espérons que je prenne ma retraite d’ici là. J’imaginais déjà les questions de ma chère Callie qui s’inquiéterait pour ses petits chérubins. Elle me ferait probablement des leçons sur comment instruire les enfants.

S’il y avait bien une chose que je comprenais parfaitement chez Calypso, c’était son appétit d’ogresse, et ce même quand elle n’était pas enceinte, et l’amour fou qu’elle vouait aux fondants au chocolat, qui, soi dit en passant, était également mon pêché mignon. Oui, c’est pour cela que nous nous entendions si bien. Il était facile de me faire pardonner en offrant ce gâteau à ma meilleure amie. Quoique, la connaissant, elle ne se laisserait pas avoir par ce subterfuge sans broncher. « De un, je n’ai aucune idée de la religion de Dillon, de deux, je ne sais pas, tu aurais pu te convertir sans m’en parler… Ou pas. » Elle m’annonça alors que son futur fils se prénommerait Liam. Et comme elle ne savait pas comment appeler sa fille, j’ouvris la bouche comme pour lui soumettre une suggestion mais me ravisai, parce que mes goûts en matière de prénoms avaient toujours été plus que douteux et que personne d’autre n’aimait, à part moi. Liam. Ça manquait cruellement d’originalité, tout de même. « Théoriquement, si je suis le parrain, mon prénom doit être son deuxième prénom. » fis-je avec un grand sourire, sachant très bien qu’aucune femme sensée n’accepterait de baptiser son enfant Indiana ou Mahé. Ma mère n’a jamais été sensée. « Et oui, tu fais vieille, ma belle. » Je n’avais que deux ans de plus qu’elle, je ne voyais donc pas ce qu’elle entendait par là. Ne me dites pas que je ressemblais encore à un adolescent passant ses journées devant sa console et son ordinateur ? Je ne m’étais jamais comporté comme cela, ce qui m’agaçait encore plus lorsqu’on me disait cela.

Nos deux fondants étaient enfin arrivés, ainsi que mon second thé et le jus d’orange pour la demoiselle. Comme je l’avais prévu, Callie se jeta littéralement sur le délice au chocolat et je réprimai un rire tout en sucrant le contenu de ma tasse. Ce qu’elle ne manqua pas de me reprocher. « Et si j’étais sujet à l’hypoglycémie ? Et puis, tu ferais mieux de te préoccuper de la santé de tes bébés plutôt que de la mienne, je m’en sortirais tout seul. » rigolai-je, parce qu’elle me faisait penser à ma sœur à vouloir prendre soin de moi, alors que, selon moi, cela devait aller dans l’autre sens. Je bus une gorgée de ma boisson chaude tout en l’écoutant parler sur son mariage qui n’avait pas l’air si évident que cela, finalement. « Je n’ai pas dit que tu n’étais pas bonne à marier, j’ai simplement dit que cela me surprenait que tu te maries avant moi. Je suis plus âgé et je cuisine mieux que toi, sans vouloir te vexer. » Je soupirai. « J’aurais dû être une femme. »

Pourquoi je parlais aussi cru? Parce que j'avais envie, c'est tout. Quoi? Il n'était quand même pas choqué par ce que je venais de déclarer? Si? Il ne fallait pas exagérer, il croyait quoi? Que j'étais une sainte? Non, je ne sortais pas du couvant, la preuve, j'étais en cloque et cela se voyait très bien à présent. Je ne pensais pas que je puisse le choquer à ce point, sans déconner. En voyant sa tête j'avais l'impression que j'avais dit les pires immondices au monde, pourtant, je n'avais mentionné que le fait qu'il devait être trop occuper à coucher avec son petit ami pour venir me rendre ne serait-ce qu'une petite visite. Il me regardait comme si je venais d'une autre planète, à croire qu'il n'y croyait pas du tout que j'ai pu dire une pareille phrase. « Bah quoi? » Fis-je avec un air de pure innocence avant de reprendre la conversation. « Ne me dis pas que vous faîtes chambre à part? Bon dieu que c'est triste... » Mes yeux roulèrent avant de se poser de nouveau sur mon meilleur ami. Vu son air, il ne s'en était toujours pas remis. « Ohh tu ne vas pas m'en faire tout un plat... A croire que je dois être une sainte qui n'a que des mots convenables dans sa bouche. Me dit pas que le mot 'coucher' te faire sortir de tes gongs? C'est sûr que vu les discussion que tu as dans la journée à part, bleu, rouge ou maman tu ne dois pas entendre grand chose... » Le doux bruit de son soupire arriva à mes oreilles et je le regarda d'un air suspicieux qui en disait long. Qu'est ce qu'il avait? Mon comportement ne lui plaisait pas? Tant pis pour lui, c'était ainsi et je ne changerais pour personne. « Mon petit doigt me demande pourquoi tu soupires ainsi, mais je ne préfère même pas demander. » Je me demandais comment ça serait dans trois ans, quand mes deux petites crapules iraient à l'école maternelle – et que surement Indie serait leur professeur - , est-ce qu'ils seraient tout deux incontrôlables ou alors de véritables anges? J'optais pour la première hypothèse...

Les gâteaux c'était ce que j'adorais, je pouvais en manger plusieurs à la suite sans être malade... ou pas. C'était rare. C'était fréquent que des personnes cherchent à se faire pardonner en m'offrant n'importe quel gâteau, et moi j'acceptais car ma gourmandise prenait toujours le dessus sur tout. Si j'avais changé de religion sans même lui en parler? Pourquoi je ne lui en parlerais pas? Et pourquoi surtout, je changerais de religion? Sur un coup de tête? C'était carrément absurde ce qu'il me déclarait. Je préférais passer au dessus de la discussion sur la religion. Ce n'était pas mon point fort et je ne saurais pas pourquoi on parlerait de ça alors que c'était loin d'être le point de notre échange. Je lui annonça avec le sourire que je voulais appeler mon fils Liam, comme le père de Dillon et comme son grand-père. Je voulais garder la tradition pour faire plaisir à Dillon. Or le soucis était que nous allions avoir aussi une petite fille et aucun prénom correct ne me venait à l'esprit. Je fronçais de nouveau les sourcils quand il me déclara que théoriquement son prénom devait venir en deuxième de Liam. « Je n'ai pas dis que tu serais le parrain de mon fils. » Je vis son regard interrogatif. « Tu ne veux pas être le parrain de ma fille? » C'était vrai, pourquoi forcément mon fils? Je me doutais que Dillon paniquerait à l'idée que mon meilleur ami, gay, serait le parrain de notre petit Liam. « Tu sais ce qu'elle te dit la vieille? » Fis-je en chuchotant ces mots.

J'avais déjà avalé plusieurs cuillères de fondant au chocolat quand je vis mon meilleur ami sucré un peu trop son thé, enfin du moins, à mon goût. Je ne pus bien évidemment, pas m'empêcher de lui faire une réflexion et il rit. J'hallucinais. A croire qu'il ne voulait pas prendre soin de sa santé. « Tu trouves ça drôle? Tu rigoleras moins quand on te retrouvera mort dans ton appartement a moitié mangé par des asticots! » Rien que la vision était dégoutante, alors la réalité... Il se croyait mieux à marier que moi, plus vieux, meilleur en cuisine. Mouai, d'accord pour le dernier point mais je m'étais grandement améliorée depuis que je passais du temps à la maison. « Tu te lances des fleurs? Je demanderais à ton petit-ami si c'est vrai que tu cuisines très bien. On ne sait jamais... » Je ris légèrement à sa dernière déclaration. « Je te prête mes jupes si tu veux. »