Kirby semblait être fatiguée par cette journée de vol, alors je l’avais accompagnée jusqu’à l’hôtel et, feignant d’aller également me reposer, j’en profitais pour ressortir. Ouais, j’ai plus douze ans, mais je ne veux pas inquiéter ma sœur plus que ça. Et puis il y a ce bar, pas trop loin de l’hôtel, et je meurs d’envie d’un verre. « Je peux savoir ce que vous foutez à rôder prêt de chez Dillon ? » cette fille, qui m’adressait la parole et par la même occasion faisait intrusion dans mon calme profond était celle qui m’avait servi mon whisky une dizaine de minutes plus tôt. « Vous connaissez Dillon ? » « Tout le monde connaît Dillon… c’est pas New York ici, tout le monde connaît tout le monde. Et ça répond pas à ma question. » « Peut être parce que ça ne vous regarde pas. » elle plissa les yeux, et oui… cette brune était la suspicion même. « Si vous venez pour foutre la m… » « C’est pas vos affaires. Encore une fois. » elle pencha très légèrement la tête. Je crois que lui clouer le bec l’énervait de plus en plus. Un coup de téléphone plus tard, et je partais sans payer, mais en ayant complètement oublié mon prote feuille sur le comptoir. J’allais, payer, à vrai dire. Pas vraiment en manque de petites coupures, au passage.

« Hey, millionnaire à la con, t’as oublié ça hier soir. Et j’ai pris la peine de payer la consommation, au passage. » elle sortait de ce tatoueur ou était-ce elle, le tatoueur ? Jugeant les gants qu‘elle avait aux mains, c‘était en effet le cas. « D’accord. » « D’accord ? C’est pas le genre de chose qu’on fait par ici, t’as eu de la chance que… » « D’accord ! » Je n’avais pas le temps, Kirby avait déjà quelques mètres d’avances, et je n’allais pas la faire attendre. Surtout si ça pouvait faire enrager celle dont je ne savais toujours pas le nom. « Hey ! T’oublies ton précieux joujou à cinq cent dollars ! » « Si ça peut t’aider à arrondir tes fins de mois, le millionnaire à la con en sera ravi ! » je crois qu’elle à jurer, encore une fois, mais j’étais trop loin pour l’entendre. La vérité, c’est qu’elle est… différente. Habituellement on s’intéresse à moi pour mon porte monnaie certes, mais plus en vue de le vider que de me le rendre. Et puis je sais pas… c’est une beauté brut, vous savez. Avec un caractère brut. Et quelque chose que j’aime bien, dans le fond, même si je n’arrive pas à mettre le doigt dessus… pour le moment..